Pour donner mon opinion post-confinement à propos de ce début de retour à « la normale » j’ai songé un instant à proposer les paroles d’une de mes anciennes chansons, dont le refrain est:
« C’est toujours les p’tits qui s’ mouillent
Les gros sont bien à l’abri ».
Et puis je me suis dit que, par les temps qui courent, on avait aussi besoin de tendresse et d’espoir.
Alors voici un texte que je viens d’écrire. Au départ destiné à mon amour, il est ici offert à toutes celles et à tous ceux que le confinement a tenu séparés.
Courage…
Chanson de l’attente
J’aurai la patience des graines dans la dune
Celles qu’on voit renaître quand arrive la pluie
Passent les vents de sable et les mois et les lunes
Fou qui alors croira que je suis endormi
J’aurai l’entêtement de la femme qui sème
Le blé le riz l’espoir sur les sillons ingrats
Depuis le fond des âges, et ça parc’ que je t’aime
Et qu’ bientôt je le sais tu seras dans mes bras
Mais que longue est l’attente
Dans ce printemps gâché
Les journées passent lentes
Et chacun des baisers
Qu’on n’a pas pu donner
Est perdu à jamais
*
C’est comme un océan ce temps qui nous sépare
Sombre froid plein d’écume et sans une île au loin
C’est comme un blanc désert où les pistes s’égarent
Et qui peut dire quand on en verra la fin?
Ici je guette la plus petite lumière
J’écoute la rumeur je me prends à rêver
Qui donc a eu l’idée d’inventer les frontières
Et les lois qui retiennent les amants éloignés?
Oh que longue est l’attente…
*
Que fais-tu dans la ville où tu es prise au piège
Où tu es j’en suis sûr toujours la plus jolie
Surtout rappelle-toi que l’amour nous protège
Et distance ou tristesse n’ peuvent rien contre lui
Les jours heureux viendront au bout de cette peine
A l’été c’est promis nous serons réunis
Alors dans le soir bleu ta main dedans la mienne
Je te dirai Nanou je t’aime plus que la vie
Mais que longue est l’attente…
Michel Bühler
(article paru dans Le Courrier le 26/05/2020)